Santé mentale des adolescents

1. Messages clés

2. Auto-perception de la santé

Les garçons sont plus susceptibles de se considérer en excellente santé que les filles

En 2018, la proportion d'adolescents âgés de 11 à 18 ans ayant une excellente perception de leur santé était de 35% pour les garçons et de 24% pour les filles en Belgique. Plus ils avancent en âge, moins les adolescents (et surtout les filles) se déclarent en excellente santé. Entre 11 et 18 ans, les chiffres passent de 39% à 31% pour les garçons, et de 33% à 16% pour les filles.

La proportion d’adolescents décrivant leur santé comme excellente ne varie pas beaucoup entre les deux communautés

La proportion de garçons qui se perçoivent en excellente santé est un peu plus élevée chez les adolescents de la Communauté française (36%) que chez les adolescents de la Communauté flamande (34%). Chez les filles, la proportion est un peu plus élevée chez les adolescentes de la Communauté flamande (25%) que chez les adolescentes de la Communauté française (24%). Les différences entre communautés sont donc assez minces pour un même genre.

Les jeunes vivant dans des familles moins aisées de la communauté flamande se perçoivent en moins bonne santé que ceux de familles plus aisées

Chez les adolescents de 15 ans, un excellent état de santé perçu est associé à une aisance familiale élevée dans la Communauté flamande. Les garçons et les filles se trouvant dans une famille plus aisée étaient respectivement 1,7 fois et 2 fois plus susceptibles de se déclarer en excellente santé que ceux qui vivent dans une famille moins aisée. Au sein de la Communauté française, un gradient socio-économique n'a été observé que chez les filles, celles appartenant au groupe le plus aisé étant 1,2 fois plus susceptibles de se déclarer en excellente santé que les filles de familles moins aisées. 

Certaines différences communautaires ont également été observées par groupe d'aisance familiale : parmi les familles moins aisées, les garçons de la Communauté française étaient 1,6 fois plus susceptibles de se déclarer en excellente santé que les garçons de la Communauté flamande. Parmi les familles de moindre aisance et les familles plus aisées, les filles de la Communauté française étaient respectivement 2,5 et 1,5 fois plus susceptibles de se déclarer en excellente santé que les filles de la Communauté flamande.

En 2018, la Belgique se classe en dessous de la moyenne de l’UE-15 en termes de perception de la santé 

Le rapport international HBSC 2018 révèle que pour les pays de l'UE-15, 34 % des garçons de 15 ans et 21 % des filles de 15 ans ont jugé leur santé excellente. Cette proportion variait de 19 % à 53 % selon les pays pour les garçons, et de 12 % à 33 % pour les filles. Avec 33 % des garçons belges de 15 ans et 18 % des filles belges de 15 ans qualifiant leur santé d'excellente, la Belgique se classe défavorablement en comparaison des moyennes de l'UE-15.

3. Symptômes auto-rapportés 

Les difficultés de sommeil, la nervosité et l’irritabilité sont les trois symptomes les plus rapportés par les garçons et les filles en Belgique

En 2018, pour l'ensemble des adolescents âgés de 11 à 18 ans, les symptômes les plus fréquemment rapportés chaque jour ou plus d'une fois par semaine sont les difficultés de sommeil (29% pour les garçons, 36% pour les filles), la nervosité (24% pour les garçons, 32% pour les filles) et l'irritabilité (19% pour les garçons, 28% pour les filles). Les vertiges, les maux de tête et les maux d'estomac sont des symptômes moins fréquemment recensés. 

Pour tous les niveaux scolaires, les filles sont plus nombreuses que les garçons à déclarer avoir ressenti chaque type de symptôme plus d'une fois par semaine. En outre, l'ordre de fréquence des symptômes déclarés est resté le même pour les garçons et les filles.

La prévalence des symptômes rapportés augmente avec l’âge, et plus particulièrement chez les filles  

Chez les filles, plusieurs symptômes sont beaucoup plus fréquents à l'âge de 15 ans qu'à l'âge de 11 ans. En effet, la nervosité passe de 21 % à 34 %, l'irritabilité de 18 % à 32 %, le sentiment de déprime de 15 % à 26 %, les maux de dos de 10 % à 19 %, les maux de tête de 12 % à 22 % et les vertiges de 8 % à 14 %. Les douleurs d'estomac sont quant à elles restées plus ou moins stables et seules les difficultés de sommeil ont diminué graduellement avec l'âge.

Chez les garçons, les maux de dos sont plus fréquents à 15 ans qu'à 11 ans, tout comme, dans une moindre mesure, la nervosité, l'irritabilité et les vertiges. Les troubles du sommeil deviennent nettement moins fréquents avec l'âge, passant de 33 % à 11 ans à 24 % à 15 ans. Les douleurs d'estomac diminuent également avec l'âge.  

Les garçons et les filles de la Communauté française manifestent plus de symptômes que ceux de la Communauté flamande

Les garçons et les filles de la Communauté française signalent plus fréquemment des symptômes que ceux de la Communauté flamande. Cette différence est encore plus prononcée chez les filles que chez les garçons, surtout en ce qui concerne les troubles du sommeil, la nervosité et le sentiment de déprime.

L’aisance familiale a un impact sur certains des symptômes signalés 

En 2018, en Communauté française, les garçons de 15 ans issus de familles moins aisées ont déclaré plus fréquemment se sentir nerveux (30 % contre 22 %) et irritables (24 % contre 12 %) que ceux issus de familles plus aisées. La fréquence des symptômes rapportés chez les garçons n'était pas liée à l'aisance familiale dans la Communauté flamande.

Dans les deux Communautés, la proportion de filles se sentant irritables était plus élevée dans les familles moins aisées (26% en moyenne) que dans les familles plus aisées (18% en moyenne). Il en va de même pour le sentiment de déprime (24 % dans les familles moins aisées et 14 % dans les familles plus aisées). Les filles issues de familles moins aisées étaient également plus susceptibles de déclarer des maux de tête dans les deux Communautés (18% contre 13%), bien que la différence ne soit pas statistiquement significative pour celles de la Communauté française.

Les chiffres belges sont proches de la moyenne de l’UE-15 en ce qui concerne les symptômes multiples fréquents en 2018  

Le rapport international HBSC de 2018 révèle que pour les pays de l'UE-15, en moyenne 30 % des garçons de 15 ans et 49 % des filles de 15 ans ont rapporté des symptômes multiples fréquents (SMF) plus d'une fois par semaine. Cette proportion varie de 19 % à 44 % pour les garçons et de 40 % à 75 % pour les filles. Avec 30% des garçons belges de 15 ans et 50% des filles belges de 15 ans déclarant des problèmes de santé multiples, la Belgique était comparable à la moyenne européenne pour les garçons et légèrement au-dessus de la moyenne de l'UE pour les filles.

4. Satisfaction à l’égard de la vie

Entre 11 et 18 ans, les garçons sont plus satisfaits de leur vie que les filles 

La proportion d'adolescents s'estimant moyennement ou très satisfaits de leur vie était de 92% pour les garçons et de 87% pour les filles en 2018 en Belgique. Cette proportion varie peu avec l'âge pour les garçons, mais diminue fortement pour les filles entre 11 et 16 ans, puis remonte légèrement à 17 et 18 ans.

Les garçons et les filles de 11 à 18 ans se sentent plus satisfaits de leur vie en 2018 qu’en 2014

Dans les deux Communautés, la proportion de garçons se déclarant modérément à très satisfaits de leur vie a augmenté entre 2014 et 2018 (de 88 à 91 % pour la Communauté française et de 91 à 95 % pour la Communauté flamande). En Communauté flamande, la proportion de filles moyennement à très satisfaites de leur vie a augmenté entre 2014 (85 %) et 2018 (91 %), tandis qu'en Communauté française, elle est restée stable.

Pour les deux genres, la proportion d'adolescents se déclarant modérément à très satisfaits de leur vie était plus élevée en Communauté flamande qu'en Communauté française.

Les adolescents vivant dans des familles aisées sont plus satisfaits de leur vie que ceux qui vivent dans des familles moins aisées

Pour les adolescents de 15 ans des deux Communautés, un niveau d'aisance élevé est généralement associé à un score de satisfaction à l'égard de la vie plus élevé. Ce score concerne également les 2 genres. La différence la plus importante a été observée chez les adolescents de la Communauté flamande, avec une différence de score de satisfaction moyen de 0,6 point (chez les filles et les garçons). Le score des filles et des garçons était assez similaire dans les deux Communautés lorsque le même niveau d'aisance de la famille était pris en compte.

Parmi les pays de l’UE-15, la Belgique se classe positivement en termes de satisfaction à l’égard de la vie pour les filles et les garçons 

Le rapport international HBSC 2018 révèle que pour les pays de l'UE-15, le score moyen de satisfaction à l'égard de la vie pour les jeunes de 15 ans était de 7,5 pour les garçons et de 7,1 pour les filles. Cette variable varie de 6,7 à 7,9 pour les garçons et de 6,7 à 7,4 pour les filles. Avec un score moyen de satisfaction à l'égard de la vie de 7,6 pour les garçons belges de 15 ans et de 7,2 pour les filles belges de 15 ans, la Belgique se compare favorablement à la moyenne de l'UE.

5. En savoir plus

Voir les métadonnées pour cet indicateur

HBSC Fédération Wallonie-Bruxelles

HBSC Vlaanderen

Contexte

Selon l'OMS (Organisation mondiale de la santé), en 2021, un jeune de 10 à 19 ans sur sept souffre d'un trouble mental, ce qui représente 13 % de la charge de morbidité mondiale dans cette tranche d'âge [4]. La dépression, l'anxiété et les troubles du comportement figurent parmi les principales causes de maladie et d'invalidité chez les adolescents. Les conséquences de l'absence de prise en charge des problèmes de santé mentale chez les adolescents se prolongent à l'âge adulte, altérant la santé physique et mentale et limitant les possibilités de mener une vie épanouie sur le long terme [4].

Les dernières estimations de l'UNICEF indiquent que plus de 16,3% des jeunes âgés de 10 à 19 ans en Belgique sont diagnostiqués avec un trouble mental selon la définition de l'Organisation mondiale de la santé [5]. Ils déclarent que ces estimations sont probablement la partie émergée de l'iceberg car de nombreux enfants ne sont pas diagnostiqués, et la pandémie de COVID-19 a soulevé d'immenses inquiétudes quant au bien-être des jeunes.

Le 30 mars 2015, la Conférence interministérielle de santé publique (CIM) a approuvé le " Guide vers une nouvelle politique de santé mentale pour enfants et adolescents (SMEA)" [6]. Presque immédiatement, 11 réseaux SMEA ont été mis en place, se concentrant sur les enfants et les jeunes de leur zone d'action. Un réseau SMEA offre une gamme complète et intégrée de services à tous les enfants et adolescents âgés de 0 à 23 ans souffrant de problèmes mentaux et/ou psychiatriques. L'objectif est de répondre aux besoins de ces enfants, de ces jeunes et de leur contexte ou environnement aussi rapidement et continuellement que possible [6].

Bien que les réseaux offrant un soutien en santé mentale aux jeunes se développent en Belgique, il existe à ce jour relativement peu d'études fournissant des estimations nationales sur la santé mentale des enfants, en particulier parmi les groupes d'âge les plus jeunes. En 2018, l'Enquête nationale de santé par interview (Health Interview Survey - HIS) [7] a étendu pour la première fois son champ d'investigation aux difficultés de santé mentale des enfants, apportant ainsi de nouveaux éléments sur le sujet. Les enquêtes HBSC (Health Behaviour in School-aged Children) fournissent actuellement le plus d'informations sur le bien-être émotionnel des jeunes Belges âgés de 11 à 18 ans.

Nous avons donc utilisé les enquêtes HBSC pour décrire trois aspects du bien-être mental des adolescents en Belgique :  

• La santé auto-perçue, mesurant la proportion d’adolescents qui considèrent leur santé comme excellente.
• Les symptômes auto-déclarés, avec une liste de 8 symptômes et leur fréquence.
• La satisfaction à l'égard de la vie, qui évalue le degré de satisfaction à l'égard de la vie sur la base de l'échelle de Cantril.

Définitions

Auto-perception de la santé 

Dans les études HBSC belges l'état de santé perçu des adolescents scolarisés a été évalué à l'aide de la question suivante : "Diriez-vous que votre santé est...". Quatre catégories de réponses ont été proposées : "excellente", "bonne", "plutôt bonne" et "pas très bonne". Les élèves qui évaluent leur santé comme "plutôt bonne" ou "pas très bonne" sont considérés comme ayant une perception plutôt négative de leur santé.

Satisfaction à l’égard de la vie 

Dans les études HBSC belges, le niveau de satisfaction des adolescents à l'égard de leur vie est mesuré à l'aide de l'échelle de Cantril. Celle-ci est graduée de 0 à 10, la valeur 10 représentant "la meilleure vie possible" et la valeur 0, "la pire vie possible". Selon le protocole international de l'étude HBSC, les adolescents dont le niveau se situe entre 6 et 10 sont considérés comme moyennement ou très satisfaits de leur vie.

Symptômes auto-rapportés (symptômes psychosomatiques) 

Symptômes causés par le stress et l'inquiétude, plutôt que par un problème physique tel qu'une infection. Cet indicateur HBSC comprend une liste de huit symptômes pour lesquels les adolescents ont été invités à indiquer la fréquence à laquelle ils les ont ressentis au cours des six derniers mois. Cinq catégories de fréquence, allant de "à peu près tous les jours" à "rarement ou jamais", ont été proposées.

Symptômes Multiples Fréquents (SMF)

Dans les études HBSC belges, les adolescents présentant au moins deux des huit symptômes énumérés à une fréquence au moins hebdomadaire ont été classés comme souffrant de SMF.

Aisance familiale

Pour classer les différents groupes socio-économiques, les études HBSC utilisent l'échelle d'aisance familiale (Family Affluence Scale - FAS), qui interroge les jeunes sur les biens matériels du ménage à l'aide d'un questionnaire en six points. Les réponses sont notées et additionnées pour former un score FAS HBSC, qui s'est avéré être un indicateur valable de l'aisance relative. Le score d'aisance est ensuite utilisé pour identifier les groupes de jeunes dans les 20 % les plus bas (aisance faible), les 60 % moyens (aisance moyenne) et les 20 % les plus élevés (aisance élevée).

Références

1. HBSC Fédération Wallonie-Bruxelles, ULB, 2018. http://sipes.ulb.ac.be/
2. HBSC Vlaanderen, UGent, 2018. https://www.jongeren-en-gezondheid.ugent.be/ 
3. Spotlight on adolescent health and well-being. Findings from the 2017/2018 Health Behaviour in School-aged Children (HBSC) survey in Europe and Canada. International report. Volume 2. Key data, WHO Regional Office for Europe, 2020. https://www.who.int/europe/health-topics
4. Mental health of adolescents. https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/adolescent-mental-health/
5. Rapport des enfants et des jeunes. https://www.unicef.be/sites/default/files/2022-06/Rapport%20What%20do%20you%20think%202022%20FR%20LR.pdf/
6. Networks in mental healthcare for children and young people. https://www.healthybelgium.be/en/key-data-in-healthcare/mental-healthcare/mental-healthcare-for-children-and-young-people/organisation-of-the-care-offering-for-children-and-young-people/networks-in-mental-healthcare-for-children-and-young-people/
7.  https://www.sciensano.be/fr/projets/enquete-de-sante

Veuillez citer cette page comme suit: Sciensano. Santé mentale: Santé mentale des adolescents, Health Status Report, 11 août 2023, Bruxelles, Belgique, https://www.belgiqueenbonnesante.be/fr/etat-de-sante/sante-mentale/sante-mentale-des-adolescents