1. Messages clés
- Les vaccins sont l'un des plus grands succès de la santé mondiale, ayant réduit de manière considérable la morbidité et la mortalité de différentes maladies infectieuses et sauvés au moins 154 millions de vies dans le monde au cours des 50 dernières années.
- En Belgique, grâce à la vaccination, des maladies graves comme la diphtérie ou le tétanos sont devenues rares, voire ont complètement disparues (poliomyélite, variole, rubéole congénitale).
- Bien que la circulation de la plupart des maladies ait diminué, une couverture vaccinale élevée reste nécessaire et des épidémies peuvent encore se produire en raison de déficits immunitaires dans la population.
- La couverture vaccinale des nourrissons pour tous les vaccins inclus dans les programmes de vaccination de base gratuits est élevée (>90 %) dans toute la Belgique, et est comparable entre les régions.
- Des déficits immunitaires existent chez les enfants plus âgés et les adolescents, notamment à Bruxelles et en Wallonie.
2. Épidémiologie de certaines maladies à prévention vaccinale
Modèle de réussite : fin de la polio et de la rubéole en Belgique
La poliomyélite est une maladie virale très infectieuse. Elle provoque des symptômes légers ou inexistants chez la plupart des personnes, mais chez certaines d'entre elles, elle peut entraîner une paralysie totale ou la mort. Après l'introduction du vaccin contre la polio en 1956, l'incidence de la polio a considérablement diminué et les cas sont devenus rares après l'instauration de la vaccination obligatoire en 1967. Depuis 2002, la région européenne est considérée comme exempte de polio par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Actuellement, le risque d'épidémie en Belgique est faible grâce à la couverture vaccinale élevée.
Source: Sciensano, Épidémiologie des maladies infectieuses [1]
De la même manière, la Belgique a été certifiée par l'OMS comme ayant éliminé la rubéole, grâce à la vaccination. Le virus de la rubéole peut avoir de graves conséquences pendant la grossesse, entraînant des enfants mort-nés, des malformations congénitales et le syndrome de rubéole congénitale (SRC). Le dernier cas autochtone de SRC en Belgique date de 2007 et le dernier cas importé de 2012. Cependant, tant que ces virus circulent encore ailleurs, la vaccination et la surveillance demeurent nécessaires en raison du risque d'importation.
Les épidémies de maladies se produisent encore en raison des déficits immunitaires dans la population
Pour la plupart des maladies ciblées par la vaccination, l'incidence a considérablement diminué depuis le début de la vaccination systématique, mais des épidémies surviennent encore. La sous-vaccination de certains groupes ou régions géographiques augmente considérablement le risque d'épidémies. Par exemple, il y a eu une épidémie de diphtérie parmi les demandeurs d'asile en 2022, un groupe où la vaccination reste difficile et où la couverture est trop faible [2].
En 2024, une importante épidémie de rougeole a eu lieu, touchant principalement des enfants d'école non vaccinés à Bruxelles. Cela souligne l'importance d'une couverture vaccinale élevée dans l'ensemble de la population.
Source: Sciensano, Épidémiologie des maladies infectieuses [1]
Source: Sciensano, Epidemiology of infectious diseases [1]
Les changements dans les sérogroupes circulants des infections invasives ralentissent le succès des campagnes de vaccination
Pour les maladies invasives comme la méningite et les infections pneumococciques, les vaccins actuels protègent contre certains sérogroupes/sérotypes, mais pas contre tous. Depuis l'introduction de ces vaccins en Belgique, la circulation des souches incluses dans le vaccin a considérablement diminué. Cependant, d'autres souches non couvertes par le vaccin du calendrier vaccinal sont en augmentation. Cette évolution épidémiologique n'indique pas un échec de la politique vaccinale — l'incidence totale reste inférieure à celle observée avant l'introduction des programmes de vaccination. Elle met toutefois en évidence la nécessité de développer de nouveaux vaccins et d'ajuster les calendriers de vaccination. Par exemple, le vaccin méningococcique a été modifié en 2023, passant du MenC au MenACWY, afin d'inclure trois sérogroupes supplémentaires, après une augmentation des sérogroupes W et Y.
Source: Sciensano, Épidémiologie des maladies infectieuses [1]
3. Couverture vaccinale
3.1. Couverture vaccinale des enfants de moins de 2 ans
La couverture vaccinale en Belgique est élevée et stable dans le temps
En Belgique, le seuil de couverture de 90 % fixé par le Plan d'Action Mondial pour les Vaccins (GVAP) de l'OMS [3] a été atteint pour la vaccination primaire complète (1 à 4 doses selon le vaccin) pour tous les vaccins inclus dans le calendrier vaccinal de base recommandé, à l'exception du vaccin contre le rotavirus. Le vaccin contre le rotavirus est le seul recommandé pour les enfants qui n'est pas fourni gratuitement dans le programme de vaccination.
Source: Sciensano, Épidémiologie des maladies infectieuses [4] et OMS [5], d'après les enquêtes de couverture en Flandre en 2020 [6], en Wallonie [7] et à Bruxelles [8] en 2019.
La couverture vaccinale pour les vaccins des programmes de vaccination de base est comparable dans toutes les régions de Belgique
La couverture vaccinale pour les vaccins des programmes de vaccination de base pour les enfants est constamment élevée dans toutes les régions de Belgique. La couverture vaccinale nationale pour le calendrier complet (4 doses) du vaccin hexavalent est de 94 %, avec des taux de couverture comparables dans toutes les régions. Le vaccin hexavalent est un vaccin qui combine la vaccination contre six maladies en une seule injection (diphtérie-tétanos-coqueluche (DTP), hépatite B (HebB), Haemophilus influenzae de type b (Hib) et poliomyélite (polio). De même, la couverture des vaccins méningococciques (92 %) et pneumococciques (94 %), ainsi que de la première dose du vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR1), montre des différences régionales minimales.
Source: Sciensano, Épidémiologie des maladies infectieuses [4], d'après les enquêtes de couverture en Flandre en 2020 [6], en Wallonie [7] et à Bruxelles [8] en 2019.
La couverture vaccinale contre le rotavirus est inférieure à Bruxelles et en Wallonie
Le vaccin contre le rotavirus est recommandé par le Conseil Supérieur de la Santé (CSS), mais il n'est pas inclus dans les programmes de vaccination gratuits des régions. Il est partiellement remboursé par le RIZIV-INAMI, mais il reste nécessaire de payer environ 7 à 12 € par dose. En conséquence, les taux de vaccination étaient plus faibles que pour les vaccins gratuits du programme de vaccination de base, notamment à Bruxelles (70 %) et en Wallonie (81 %). En Flandre, en revanche, le taux de couverture vaccinale était de 92 %.
3.2. Couverture vaccinale des adolescents
Les objectifs de l'OMS pour la couverture des vaccins ROR et HPV ne sont pas atteints
Les objectifs de l'OMS de 95 % pour les 2 doses documentées de rougeole-oreillons-rubéole (ROR) et de ≥ 90 % pour la couverture du vaccin contre le papillomavirus humain (HPV) n'ont pas été atteints en Belgique. Selon les dernières enquêtes disponibles, la couverture nationale moyenne pondérée pour la ROR2 était de 83 % et est restée stable dans le temps.
La couverture nationale pour la vaccination complète contre le HPV (2 doses) est de 72 % pour les filles, 65 % pour les garçons et 68 % pour les filles et garçons ensemble. La vaccination contre le HPV a lentement augmenté au fil des ans pour les filles. En 2019, la vaccination pour les garçons a été introduite. La couverture chez les garçons est actuellement inférieure à celle des filles.
Source: Sciensano, Épidémiologie des maladies infectieuses [4] et OMS [5], d'après les enquêtes de couverture en Flandre en 2020 [6], et en Fédération Wallonie-Bruxelles en 2021-2022 pour la ROR2 [7] et en 2022-2023 pour le HPV [8].
Différences régionales importantes dans les taux de couverture des adolescents
Suite à l'avis du Conseil Supérieur de la Santé de réduire l'âge pour la deuxième dose de la ROR, la Communauté française (FWB) et la Communauté germanophone ont abaissé l'âge à 7-8 ans, tandis que la Communauté flamande l'a fixé à 9-10 ans. En Flandre, la dernière enquête a été réalisée en 2020, indiquant une couverture de 89 %. La FWB a mené une nouvelle enquête de couverture en 2021-2022, indiquant une couverture de 73 % dans l'ensemble de la Communauté française, et de 70 % spécifiquement à Bruxelles. Il est probable qu'il y ait une sous-déclaration de la vaccination complète (ROR 1+2), en raison de la perte ou de l'absence de documentation pour la première dose dans toutes les régions.
Pour le HPV, la couverture nationale moyenne pondérée masque des différences régionales importantes. En 2019-2020, la Flandre avait un taux de couverture complet de la vaccination contre le HPV de 81 % pour les filles et les garçons, tandis que la Communauté française avait un taux de couverture de 48 %. Dans une nouvelle enquête de la FWB en 2022-2023, la couverture dans la Communauté française a augmenté à 52 %. À Bruxelles, la couverture a augmenté de 39 % à 41 %.
Source: Sciensano, Épidémiologie des maladies infectieuses [4] et OMS [5], d'après les enquêtes de couverture en Flandre en 2020 [6], et en Fédération Wallonie-Bruxelles en 2021-2022 pour la ROR2 [9] et en 2022-2023 pour le HPV [10].
*La Communauté française, ou Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), comprend la Wallonie et la partie francophone de la Région de Bruxelles-Capitale.
4. En savoir plus
Contexte
La vaccination des enfants en Belgique
Le Conseil Supérieur de la Santé belge décide, sur une base scientifique, du calendrier vaccinal recommandé pour les enfants. Ce calendrier inclut actuellement des vaccins pour treize maladies infectieuses. Parmi ceux-ci, le vaccin contre la poliomyélite est le seul qui soit obligatoire en Belgique. Les différentes Communautés (flamande, française et germanophone) sont ensuite responsables de la mise en œuvre des directives et de l'organisation pratique des campagnes de vaccination. En conséquence, il existe des différences régionales dans l'âge d'administration de certains vaccins pour les enfants (voir les calendriers pour la Flandre et la Fédération Wallonie-Bruxelles) ainsi que dans les marques de vaccins utilisées. Des informations détaillées sont disponibles dans le rapport « Politique et conseils de vaccination en Belgique » (disponible en néerlandais et en français).
En Belgique, la couverture vaccinale est suivie grâce à des enquêtes de couverture organisées et financées par les régions/communautés concernées. Ces enquêtes ont lieu environ tous les quatre à cinq ans. Une estimation de la couverture vaccinale nationale en Belgique est calculée chaque année par le Département d’Épidémiologie des Maladies Infectieuses de Sciensano, sur base des études de couverture vaccinale les plus récentes, pondérées en fonction de la taille de la population. Pour étudier la couverture vaccinale des nourrissons, la même méthodologie est utilisée dans les trois régions, avec un échantillon tiré de la population générale. La méthode utilisée pour étudier la couverture vaccinale des adolescents varie selon les régions. En Flandre, les études sur la couverture vaccinale des adolescents sont réalisées sur un échantillon de la population générale. À Bruxelles et en Wallonie, les enquêtes sur la couverture vaccinale ont été menées chaque année sur un échantillon d'élèves des écoles francophones [3]. En Flandre, un registre électronique de vaccination, Vaccinet, existe depuis 2006 et est utilisé régulièrement par tous les vaccinés. Pour la Communauté française, de nouveaux registres de vaccination sont actuellement en développement. À l'avenir, les estimations de la couverture vaccinale basées sur les registres pourraient remplacer les enquêtes périodiques.
Rapports épidémiologiques
Des informations plus détaillées sur l'épidémiologie et la surveillance des maladies à prévention vaccinale peuvent être consultées dans les rapports annuels disponibles sur les pages spécifiques des sujets de santé sur le site de Sciensano :
- Poliomyélite
- Diphthérie
- Tétanos
- Coqueluche
- Haemophilus influenzae de type b
- Hépatite B
- Rougeole
- Oreillons
- Rubéole
- Neisseria meningitides
- Streptococcus pneumoniae
- Rotavirus
- Papillomavirus humain (HPV)
- Influenza
Définitions
- Déficitis immunitaires
- Communautés localisées avec une faible adhésion à la vaccination (par exemple, groupes démographiques spécifiques, zones géographiques, communautés difficiles à atteindre, etc.), augmentant leur susceptibilité à l'infection et la probabilité d'épidémies.
- Sérotypes/sérogroupes
- Désigne une méthode de classification des cellules ou des micro-organismes, tels que les bactéries, basée sur les antigènes ou autres molécules trouvés à leur surface.
- Couverture vaccinale
- Pourcentage de personnes ayant reçu certaines doses de vaccins. Par exemple, la couverture du DTP3 est le pourcentage de nourrissons ayant reçu les trois doses du vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche (DTP).
- Vaccination primaire
- La série initiale de vaccinations administrées à un individu pour acquérir une immunité contre une maladie particulière, impliquant généralement plusieurs doses administrées (de 1 à 4 doses selon le vaccin) sur une période spécifiée pour générer une réponse immunitaire forte et durable.
Références
- Sciensano. Synthèse annuelle 2022. Brussel: Sciensano; 2023. https://www.sciensano.be/fr/biblio/epidemiologie-des-maladies-infectieuses-a-prevention-vaccinale-rapport-annuel-de-synthese-2022
- Jacquinet S, Martini H, Mangion J, Neusy S, Detollenaere A, Hammami N. Outbreak of Corynebacterium diphtheriae among asylum seekers in Belgium in 2022: operational challenges and lessons learnt. Euro Surveill. 2023;28(44).
- World Health Organization. Global vaccine action plan: monitoring, evaluation and accountability: secretariat annual report 2020. Geneva: World Health Organization; 2020. https://iris.who.int/handle/10665/337433
- Grammens T, Cornelissen L. sciensano.be. 2022. Couverture vaccinale des vaccinations de base. https://www.sciensano.be/nl/biblio/couverture-vaccinale-des-vaccinations-de-base
- WHO & Unicef. WHO/UNICEF Estimates of National Immunization Coverage (WUENIC). 2023.
- Maertens K, Willen L, Van Damme P, Roelants M, Guérin C, de Kroon M, et al. Studie van de vaccinatiegraad in Vlaanderen, 2020. Leuvens Universitair Vaccinologie Centrum, KUL, Leuven and Centrum voor de Evaluatie van Vaccinaties, UA, Antwerpen; https://www.laatjevaccineren.be/vaccinatiegraadstudie
- Robert E, Swennen B, Coppieters Y. Enquête de couverture vaccinale des enfants de 18 à 24 en Fédération Wallonie-Bruxelles (Bruxelles excepté), 2019. Bruxelles: Ecole de Santé Publique, ULB; 2020. https://www.ccref.org/e-vax/EnqueteNourrissons2019-
- Robert E, Swennen B, Coppieters Y. Enquête de couverture vaccinale des enfants de 18 à 24 mois en Région de Bruxelles-Capitale, 2019. Bruxelles: Ecole de Santé Publique, ULB; 2020. https://www.ccref.org/e-vax/EnqueteNourrissons2019-
- Brasseur C, Sarr K, Montoisy C. Résumé de l’enquête de couverture vaccinale 2021-2022. La vaccination contre la rougeole, la rubéole et les oreillons (RRO) chez les élèves de 6ème primaire dans l’enseignement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Bruxelles: FWB et ONE; 2022. https://www.ccref.org/e-vax/resume_enquete_couverture_vaccinale_2021-2022.pdf
- Brasseur C, Sarr K. Résumé enquête de couverture vaccinale 2022-2023. La vaccination contre le papillomavirus humain (HPV) chez les élèves de 2ème secondaire dans l’enseignement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Bruxelles: FWB et ONE; 2023. https://www.ccref.org/e-vax/pdf/ECV_2022-2023_HPV_Resume.pdf
Veuillez citer cette page comme suit: Sciensano. Maladies infectieuses: Maladies à prévention vaccinale, Health Status Report, 18 mars 2025, Bruxelles, Belgique, https://www.healthybelgium.be/fr/health-status/maladies-infectieuses/maladies à prévention vaccinale