1. Messages clés
En 2018, environ une personne sur dix souffrait d'un trouble anxieux et/ou d'un trouble dépressif. 11 % des personnes présentaient les symptômes d'un trouble anxieux. La prévalence des troubles anxieux est restée au même niveau qu'en 2013 (10 %), cependant elle reste toujours plus élevée que pendant la période 2001-2008 (un peu plus de 6 %).
En 2018, 12 % de la population avait consommé des sédatifs (somnifères ou tranquillisants) et 8 % avait pris des antidépresseurs au cours des deux dernières semaines. Cependant, la consommation de sédatifs diminue depuis 2008, tandis que la consommation d'antidépresseurs continue à augmenter régulièrement.
L'anxiété et la dépression sont plus fréquentes chez les femmes. En général, les indicateurs de santé mentale montrent une meilleure situation dans la région flamande par rapport aux deux autres régions. La santé mentale diffère aussi selon le niveau d'instruction. Les troubles de la santé mentale et la consommation de médicaments psychotropes sont plus fréquents dans le groupe le moins éduqué que dans le groupe le plus éduqué.
2. Introduction
La santé mentale est la capacité de chacun d'entre nous à ressentir, penser et agir de manière à améliorer notre aptitude à profiter de la vie et à relever les défis auxquels nous sommes confrontés. Il s'agit d'un sentiment positif de bien-être émotionnel et spirituel qui respecte l'importance de la culture, de l'équité, de la justice sociale, des interconnexions et de la dignité personnelle [1]. En raison de la fréquence élevée des problèmes mentaux dans les sociétés occidentales et de l'importance de leur coût en termes humains, sociaux et économiques, la santé mentale est désormais considérée comme une priorité de santé publique. En Belgique, l'enquête de santé par interview est l'une des principales sources de données systématiques sur la santé mentale dans la population générale.
Parmi les différentes dimensions de la santé mentale qui sont surveillées dans cette enquête, nous nous concentrons sur les trois dimensions suivantes :
- La prévalence des troubles anxieux et des troubles dépressifs, sur base des instruments psychométriques d'auto-évaluation GAD-7 et PHQ-9 respectivement.
- Les indicateurs concernant la consommation de médicaments psychotropes.
Cependant, il convient de noter que l'évaluation des problèmes de santé mentale dans la population par le biais d'une enquête de santé présente un certain nombre de limitations. Celles-ci sont principalement liées au fait que les estimations sont basées sur des instruments de dépistage des problèmes psychologiques et ne sont donc pas obtenues par des outils de diagnostic clinique, qui peuvent être plus nuancés. Néanmoins, les résultats des enquêtes de santé de population générale sont généralement conformes aux résultats des enquêtes spécifiques sur la santé mentale.
Les troubles de santé mentale plus graves comme la schizophrénie et les troubles bipolaires ne sont pas présentés ici. En effet, les enquêtes de santé par entretien ne sont pas un instrument adéquat et fiable pour saisir des conditions aussi complexes. En outre, les informations sur les idées suicidaires et les tentatives de suicide peuvent être trouvées sur une page spécifique.
3. Troubles de santé mentale
Situation en 2018
Belgique
Selon l'évaluation réalisée sur base des instruments psychométriques, en 2018, 11,2% de la population belge souffrait d'un trouble anxieux et 9,4% d'un trouble dépressif. Pour ces deux troubles, les femmes présentaient une prévalence plus élevée (14,2 % pour l'anxiété et 10,7 % pour la dépression) que les hommes (7,9 % pour l'anxiété et 8 % pour la dépression).
- Troubles anxieux
- Troubles dépressifs
Prévalence des troubles anxieux par âge et sexe, Belgique, 2018
Source : Enquêtes de Santé, Sciensano, 2018 [2]
Prévalence des troubles dépressifs par âge et sexe, Belgique, 2018
Source : Enquêtes de Santé, Sciensano, 2018 [2]
Spécificités régionales
En 2018, la prévalence des troubles anxieux et dépressifs était plus élevée en Wallonie qu’à Bruxelles et en Flandre et plus élevée à Bruxelles qu’en Flandre.
Tendances
Belgique
Entre 2008 et 2013, la prévalence des troubles anxieux a augmenté en Belgique chez les deux sexes et est restée plus ou moins stable depuis lors.
Entre 2008 et 2013, la prévalence des troubles dépressifs a augmenté chez les deux sexes. En 2018, elle a légèrement diminué chez les hommes et plus nettement diminué chez les femmes.
Toutefois, les questionnaires utilisés ayant été modifiés entre les enquêtes de 2013 et 2018, les tendances doivent être interprétées avec prudence.
Spécificités régionales
Entre 2008 et 2013, la prévalence des troubles anxieux a augmenté dans toutes les régions. Entre 2013 et 2018, elle a continué d'augmenter fortement chez les deux sexes en Wallonie, mais pas dans les autres régions.
La prévalence des troubles dépressifs était plus faible en Flandre qu'à Bruxelles et en Wallonie, toutes années confondues chez les femmes, et depuis 2004 chez les hommes.
- Men
- Women
Prévalence des troubles anxieux chez les hommes, par région, Belgique, 2001-2018b
b rupture de tendance dû à un changement d'instrument
Source : Calcul des auteurs sur base de Enquête de Santé, Sciensano, 2001-2018 [2]
Prévalence des troubles anxieux chez les femmes, par région, Belgique, 2001-2018b
b rupture de tendance dû à un changement d'instrument
Source : Calcul des auteurs sur base de Enquête de Santé, Sciensano, 2001-2018 [2]
- Men
- Women
Prévalence des troubles dépressifs chez les hommes, par région, Belgique, 2001-2018b
b rupture de tendance dû à un changement d'instrument
Source : Calcul des auteurs sur base de Enquête de Santé, Sciensano, 2001-2018 [2]
Prévalence des troubles dépressifs chez les femmes, par région, Belgique, 2001-2018b
b rupture de tendance dû à un changement d'instrument
Source : Calcul des auteurs sur base de Enquête de Santé, Sciensano, 2001-2018 [2]
Disparités socio-économiques
Il existe un fort gradient socio-économique dans la prévalence des troubles de la santé mentale. Après ajustement pour l'âge, les troubles anxieux étaient 2,3 fois plus fréquents chez les personnes ayant le plus faible niveau d'instruction que chez celles ayant le plus haut niveau d'instruction. Les troubles dépressifs étaient 3 fois plus fréquents chez les personnes ayant le niveau d'instruction le plus bas que chez celles ayant le niveau d'instruction le plus élevé.
Source : Calculs des auteurs basés sur l'Enquête de Santé, Sciensano, 2018 [2]
4. Consommation de médicaments psychotropes
Situation en 2018
Belgique
En 2018, 12,3 % de la population a consommé des sédatifs (somnifères ou tranquillisants) et 7,6 % des antidépresseurs au cours des deux dernières semaines. Plus de femmes que d'hommes ont consommé des sédatifs (15 % chez les femmes contre 9,5 % chez les hommes) et des antidépresseurs (9,8 % contre 5,3 %).
La consommation de sédatifs augmente avec l'âge, en particulier après 45 ans chez les femmes et après 65 ans chez les hommes. La consommation d'antidépresseurs est particulièrement élevée chez les femmes après 45 ans.
- Sédatifs
- Antidépresseurs
Consommation de sédatifs (somnifères ou de tranquillisants) par âge et sexe, Belgique, 2018
Source : Enquêtes de Santé, Sciensano, 2018 [2]
Consommation d'antidépresseurs par âge et sexe, Belgique, 2018
Source : Enquêtes de Santé, Sciensano, 2018 [2]
Spécificités régionales
En 2018, la consommation de sédatifs était légèrement plus élevée en Wallonie et en Flandre qu'à Bruxelles, mais les différences régionales sont faibles et non significatives.
La consommation d'antidépresseurs était légèrement plus faible en Flandre que dans les autres régions, mais les différences ne sont significatives que chez les femmes.
Tendances
Belgique
De 1997 à 2008, la consommation de sédatifs dans la population a augmenté, puis elle a diminué en 2013 et en 2018 si l'on considère les deux sexes ensemble. Chez les hommes, la consommation est restée stable autour de 10 %, alors qu'elle est passée de 19 % en 2008 à 15 % en 2018 chez les femmes.
Depuis 1997, la consommation d'antidépresseurs a doublé chez les deux sexes.
Spécificités régionales
Jusqu'en 2008, la consommation de sédatifs était nettement plus faible en Flandre que dans les deux autres régions, et ce pour les deux sexes. Après 2008, la consommation de sédatifs a continué à augmenter en Flandre tout en diminuant légèrement dans les autres régions. Les différences régionales se sont donc réduites et ont quasiment disparu en 2018.
- Hommes
- Femmes
Consommation de sédatifs (somnifères ou de tranquillisants) chez les hommes, par région, Belgique, 1997-2018
Source : Calcul des auteurs sur base de Enquête de Santé, Sciensano, 2018 [2]
Consommation de sédatifs (somnifères ou de tranquillisants) chez les femmes, par région, Belgique, 1997-2018
Source : Calcul des auteurs sur base de Enquête de Santé, Sciensano, 2018 [2]
La consommation d’antidépresseurs a suivi la même évolution chez les 2 sexes et dans toutes les régions, c’est-à-dire une augmentation significative depuis 1997.
- Hommes
- Femmes
Consommation d'antidépresseurs chez les hommes, par région, Belgique, 1997-2018
Source : Calcul des auteurs sur base de Enquête de Santé, Sciensano, 2018 [2]
Consommation d'antidépresseurs chez les femmes, par région, Belgique, 1997-2018
Source : Calcul des auteurs sur base de Enquête de Santé, Sciensano, 2018 [2]
Disparités socio-économiques
On constate un gradient socio-économique dans la consommation de sédatifs et d'antidépresseurs. En 2018, une plus grande proportion de personnes appartenant au niveau d'instruction le plus bas ont consommé des sédatifs (17,7 % contre 12,3 %) et des antidépresseurs (10,3 % contre 6 %) comparé aux personnes ayant le niveau d'instruction le plus élevé.
Source : Calculs des auteurs basés sur l'Enquête de Santé, Sciensano, 2018 [2]
5. En savoir plus
Voir les métadonnées de cet indicateur
HISIA: Analyse interactive de l'enquête de santé belge par interview
Définitions
- GAD-7: General Anxiety Disorder 7-item
- Le GAD-7 est un outil de dépistage du trouble d'anxiété généralisée. Les participants sont invités à évaluer la fréquence, le cas échéant, de l'apparition de 7 symptômes clés au cours des deux dernières semaines. Les scores obtenus permettent d'évaluer la gravité des symptômes.
- Troubles anxieux
- Les répondants avec un score de 10 ou plus (sur un maximum de 21) à l’outil GAD-7 était considérés comme présentant un trouble de l’anxiété.
- PHQ-9: Patient Health Questionnaire 9-item depression scale
- Le PHQ-9 est un outil de dépistage des troubles dépressifs majeurs et d'autres troubles dépressifs. Les participants sont invités à évaluer la fréquence à laquelle ils ont été dérangés par 9 problèmes au cours des 2 dernières semaines.
- Troubles dépressifs
- Les participants avec une combinaison de réponses répondant aux critères d’un trouble dépressif majeur ou d’autres troubles dépressifs du PHQ-9 étaient considérés comme ayant un trouble dépressif.
Références
- https://www.canada.ca/en/public-health/services/health-promotion/mental-health/mental-health-promotion.html
- Health Interview Survey, Sciensano, 1997-2018. https://his.wiv-isp.be/