1. Messages clés
- En 2018, 7,4 % des hommes et 4,3 % des femmes (15 ans et plus) avaient rapporté une consommation dangereuse d'alcool (définie comme plus de 21 ou plus de 14 verres par semaine respectivement chez les hommes ou les femmes). Cette prévalence a diminué au fil du temps.
- Parmi les 15-24 ans, environ un jeune sur dix a déclaré un épisode hebdomadaire de "consommation d'alcool à risque en une seule occasion" (consommation d'au moins 6 verres d'alcool en une seule occasion), et également un jeune sur dix remplissait les critères de "consommation problématique d'alcool" (tels que définis par le questionnaire CAGE) au cours des 12 derniers mois.
2. Introduction
La consommation excessive d'alcool entraîne des conséquences importantes sur la santé : elle est associée à des troubles mentaux, à la cirrhose du foie, au cancer, aux maladies cardiovasculaires, ainsi qu'à des traumatismes, et constitue une cause majeure de décès prématuré. La consommation d'alcool dans les pays européens est largement supérieure à la moyenne mondiale. La réduction de la consommation excessive d'alcool par des stratégies appropriées est une priorité de santé publique.
Au niveau international, les estimations de la consommation d'alcool sont souvent basées sur des données de vente. Si ces estimations moyennes sont utiles pour évaluer les tendances de population à long terme, elles ne permettent pas d'identifier les modes de consommation nocifs. Les données basées sur des enquêtes sont plus appropriées pour décrire la consommation problématique d'alcool, bien que la consommation auto-déclarée soit sujette à une sous-déclaration et à un biais de désirabilité sociale.
Dans ce rapport, nous décrivons trois indicateurs de consommation excessive d'alcool basés sur l’enquête de santé et un indicateur basé sur les ventes :
- Surconsommation d'alcool : consommation hebdomadaire supérieure à 21 boissons contenant l'équivalent de 10 g d'alcool pur chez les hommes et de 14 boissons chez les femmes ;
- Hyper-alcoolisation hebdomadaire (Weekly Risky Single Occasion Drinking (WRSOD)) : consommation de 6 verres ou plus en une seule occasion, au moins une fois par semaine ;
- Consommation problématique d'alcool au cours de l'année écoulée : personnes ayant connu une consommation problématique d'alcool au cours des 12 derniers mois, définie par le questionnaire CAGE ;
- Consommation moyenne d'alcool par habitant : estimations de l'Organisation mondiale de la santé, utilisées ici pour les comparaisons internationales.
3. Surconsommation d’alcool
Situation en 2018
Belgique
En 2018, dans l'ensemble de la population âgée de 15 ans et plus, la proportion de surconsommateurs (plus de 21 et 14 consommations par semaine respectivement pour les hommes et les femmes) était de 5,9 %, dont deux fois plus d'hommes que de femmes. Comme le seuil de définition de la consommation dangereuse d'alcool chez les femmes est inférieur à celui des hommes, ces résultats indiquent une consommation beaucoup plus faible chez les femmes.
La prévalence la plus élevée est observée dans la tranche d'âge de 55 à 64 ans et la plus faible dans la tranche d'âge de 75 ans et plus.
Source: Health Interview Survey, Sciensano [1]
Spécificités régionales
En 2018, le taux le plus élevé était observé à Bruxelles chez les hommes comme chez les femmes, tandis que la prévalence était plus basse en Flandre.
Tendances
En Belgique, la prévalence de la surconsommation d’alcool continue à diminuer. Une diminution de 12 % chez les hommes et de 8 % chez les femmes a été observée entre 2013 en 2018.
Spécificités régionales
Chez les hommes, entre 2004 et 2013, la prévalence était la plus élevée en Wallonie, et la plus faible à Bruxelles. Depuis 2004, une diminution continue de la prévalence chez les hommes a été observée en Flandre et en Wallonie, tandis qu'à Bruxelles, la diminution s'est arrêtée en 2008 puis a nettement augmenté entre 2013 et 2018, ce qui conduit Bruxelles à avoir la prévalence la plus élevée des trois régions en 2018.
Chez les femmes, la prévalence était la plus élevée à Bruxelles dans toutes les éditions de l’enquête de santé. Une légère diminution a été observée en Flandre à partir de 2001, sans que les autres régions ne présentent de tendances claires.
- Hommes
- Femmes
Prévalence de la surconsommation d’alcool chez les hommes âgés de 15 ans et plus, par région, Belgique, 1997-2018
Source: Calculé sur base de Health Interview Survey, Sciensano [1]
Prévalence de la surconsommation d’alcool chez les femmes âgées de 15 ans et plus, par région, Belgique, 1997-2018
Source: Calculé sur base de Health Interview Survey, Sciensano [1]
Disparités socio-économiques
Il n’y a pas de gradient socio-économique clair dans la prévalence de la surconsommation d’alcool.
Source: Calculé sur base de Health Interview Survey, Sciensano [1]
4. Hyper-alcoolisation hebdomadaire
Situation en 2018
Belgique
La prévalence de l’hyper-alcoolisation hebdomadaire était de 7,6 % en Belgique en 2018. Elle était beaucoup plus fréquente chez les hommes (11,5 %) que chez les femmes (3,9 %). La prévalence d’hyper-alcoolisation hebdomadaire était la plus élevée chez les 15-24 ans (10,4 %), puis chez les 55-64 ans (9,2 %) et les 25-34 ans (9 %).
Source: Health Interview Survey, Sciensano [1]
Spécificités régionales
En 2018, un pourcentage légèrement plus élevé d’hyper-alcoolisation hebdomadaire était observé en Flandre chez les hommes et à Bruxelles chez les femmes, ces différences ne sont pas statistiquement significatives.
Tendances
En Belgique, après ajustement pour l’âge, la prévalence d’hyper-alcoolisation hebdomadaire a diminué chez les hommes (-18 %) et est restée stable chez les femmes entre 2013 et 2018.
Spécificités régionales
Chez les hommes, alors que la prévalence était nettement plus élevée en Flandre en 2008, la différence entre les régions s'est réduite et n'est plus significative. Entre 2013 et 2018, une tendance à la baisse est observée dans les trois régions.
Chez les femmes, en Flandre et en Wallonie, les pourcentages restent stables autour de 4 % ; tandis que Bruxelles connaît une diminution mais présente toujours une prévalence plus élevée que les autres régions.
- Hommes
- Femmes
Prévalence de l’hyper-alcoolisation hebdomadaire chez les hommes âgés de 15 ans et plus, par région, Belgique, 2008-2018
Source: Calculé sur base de Health Interview Survey, Sciensano [1]
Prévalence de l’hyper-alcoolisation hebdomadaire chez les femmes âgées de 15 ans et plus, par région, Belgique, 2008-2018
Source: Calculé sur base de Health Interview Survey, Sciensano [1]
Disparités socio-économiques
Il n’y a pas de gradient socio-économique clair dans la prévalence de l’hyper-alcoolisation hebdomadaire.
Source: Calculé sur base de Health Interview Survey, Sciensano [1]
Comparaisons internationales
La prévalence de l’hyper-alcoolisation une fois par semaine en Belgique est supérieure à la moyenne de l’UE-15, et ce pour les deux sexes (11,5% vs 8,4% pour les hommes, et 3,9 % vs 2,6 % pour les femmes).
- Hommes
- Femmes
Prévalence de l’hyper-alcoolisation hebdomadaire chez les hommes âgés de 15 ans et plus, par pays, Europe, 2019 ou année la plus récente
Source: Eurostat [2]
Prévalence de l’hyper-alcoolisation hebdomadaire chez les femmes âgées de 15 ans et plus, par pays, Europe, 2019 ou année la plus récente
Source: Eurostat [2]
Consommation problématique d'alcool
Belgique
La consommation problématique d'alcool est définie sur base des réponses à un questionnaire spécifique composé de quatre questions (CAGE), et est prédictive de la dépendance à l'alcool. La prévalence de la consommation problématique d'alcool au cours des 12 derniers mois était de 7 % en Belgique en 2018. Elle était plus élevée chez les hommes (9,5 %) que chez les femmes (4,7 %). La prévalence de la consommation problématique d'alcool était la plus élevée dans le groupe d'âge le plus jeune (9,8 %), puis dans le groupe d'âge des 25-44 ans et des 45-54 ans (8,8 %). La prévalence était similaire chez les hommes et les femmes dans la tranche d'âge 55-64 ans.
Source: Health Interview Survey, Sciensano [1]
Spécificités régionales
La prévalence de la consommation problématique d’alcool au cours des 12 derniers mois était la plus élevé en Wallonie chez les hommes et à Bruxelles chez les femmes.
Source: Calculé sur base de Health Interview Survey, Sciensano [1]
5. Consommation totale d’alcool par habitant
Selon les estimations de l'organisation mondiale de la santé (OMS) pour 2019, la consommation totale en Belgique était de 10,8 litres d'alcool pur par habitant (15+), ce qui était inférieur à la moyenne de l'UE-15 (11,1 litres). C’est en Europe que la consommation d’alcool est la plus élevée (9,5 l) comparé au reste du monde (5,8 l).
Source: GISAH [3]
Source: GISAH [3]
6. En savoir plus
Voir les métadonnées pour cet indicateur
HISIA: Interactive Analysis of the Belgian Health Interview Survey
Définitions
- UE-15
- L’UE-15 (ou Union européenne des Quinze voire Europe des Quinze) correspond à l’ensemble des pays qui appartenaient à l’Union européenne entre 1995 et 2004 : Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Grèce, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni et Suède. Nous comparons l'état de santé de la Belgique à celui de l'UE-15 plutôt qu’à celui de l’UE-18, car cette construction historique a plus de similarités socio-économique que l’UE-18.
- Surconsommation d’alcool
- La surconsommation d’alcool est définie comme une consommation quotidienne d'alcool pur supérieure à 30 g pour les hommes et 20 g pour les femmes ; elle équivaut respectivement à 21 et 14 boissons standard (d'une teneur en alcool pur de 10 g) par semaine.
- Hyper-alcoolisation hebdomadaire
- L'hyper-alcoolisation hebdomadaire est définie comme la consommation d'au moins 6 boissons standard (de 10 g d'alcool pur) en une seule fois, au moins une fois par semaine.
- Consommation problématique d'alcool
- La consommation problématique d'alcool est définie comme 2 réponses positives sur les 4 questions de l'instrument CAGE et est prédictive de la dépendance à l'alcool.
- Questionnaire CAGE
- Le questionnaire CAGE est un test de dépistage largement utilisé pour les problèmes de consommation d'alcool. Le questionnaire contient quatre questions "oui/non", deux réponses positives sont considérées comme un signal d'alarme pour une éventuelle consommation problématique d'alcool:
1. Vous est-il déjà arrivé de ressentir le besoin de diminuer votre consommation d'alcool?
2. Vous a-t-on déjà fait des critiques au sujet de votre consommation d’alcool?
3. Vous êtes-vous déjà senti(e) coupable concernant votre consommation d’alcool?
4. Avez-vous déjà eu besoin d’alcool dès le lever pour vous sentir en forme ou vous remettre d'aplomb? - Consommation totale d’alcool
- La consommation totale d'alcool par habitant est la moyenne sur trois ans de la consommation enregistrée et non-enregistrée par habitant dans la population âgée de 15 ans et plus, exprimée en litres d'alcool pur par an. La consommation d'alcool enregistrée fait référence aux statistiques officielles (production, importation, exportation et ventes ou taxes). La consommation non-enregistrée se réfère à l'alcool qui n'est pas taxé et qui échappe au système habituel de contrôle gouvernemental. Elle peut être estimée grâce à des questions d'enquête spécifiques. https://www.who.int/data/gho/indicator-metadata-registry/imr-details/465
References
- Health Interview Survey, Sciensano, 1997-2018. https://www.sciensano.be/fr/projets/enquete-de-sante
- Eurostat. http://ec.europa.eu/eurostat/fr/data/database
- World Health Organization, GISAH, 2019. http://apps.who.int/gho/data/node.gisah.A1036?lang=en&showonly=GISAH
Veuillez citer cette page comme suit : Sciensano. Déterminants de Santé : Consommation d’alcool, Health Status Report, 25 Juin 2020, Bruxelles, Belgique, https://www.belgiqueenbonnesante.be/fr/etat-de-sante/determinants-de-sante/consommation-d-alcool