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Consommation problématique de drogues et d’alcool en Belgique

La consommation de substances psychoactives et les problèmes de dépendance constituent une question de santé publique car ils présentent un risque, entre autres, pour la santé individuelle de l’usager. Les personnes concernées devraient pouvoir accéder à des services de soins de qualité sans être stigmatisées ou discriminées. Pour résoudre ces problèmes, les autorités fédérales ont lancé plusieurs projets dans différents secteurs : 

  • modèle de prise en charge pour les détenus consommateurs de drogues,
  • lutte contre la consommation inappropriée de psychotropes,
  • lutte contre l’abus de substances dans les hôpitaux,
  • sensibilisation des professionnels de la santé

Ci-dessous, nous allons examiner de plus près certains de ces projets. L’objectif de ces projets est de lutter contre les problèmes liés à la consommation de drogues et de promouvoir la santé et le bien-être des individus. Menés en collaboration avec divers organismes et professionnels, ces projets visent à assurer la détection et l’intervention précoces, le traitement, la réinsertion et le soutien social des personnes confrontées à des problèmes de drogues. Par leurs efforts concertés, les autorités cherchent à réduire les effets néfastes de la consommation de drogues et à promouvoir une société plus sûre et plus saine.

Modèle de prise en charge pour les détenus consommateurs de drogues

Malgré les efforts quotidiens des prestataires de soins de santé travaillant en prison et les nombreux efforts de la Justice, la consommation de drogues et de médicaments reste élevée dans les prisons belges. La consommation de drogues présente plusieurs risques pour la santé et peut hypothéquer la sécurité au sein d’une prison. Une étude belge[1] a révélé que près de 60 % des détenus avaient consommé de la drogue avant leur incarcération, ce qui est supérieur à la moyenne internationale de 50 %[2].

Dans le cadre de la réforme des soins de santé pénitentiaires, le SPF Santé, en collaboration avec le SPF Justice, a financé un modèle de soins adapté aux consommateurs de drogues en détention, par le biais d’un projet pilote mené dans trois prisons en 2017 :

  • complexe pénitentiaire de Bruxelles,
  • prison de Hasselt,
  • prison de Lantin.

Trois organisations à but non lucratif spécialisées dans l’aide aux toxicomanes (ASBL) ont bénéficié d’un financement pour proposer un soutien supplémentaire au niveau de la formation, de l’expertise et du personnel dans ces trois prisons. 

Dans chacune de ces prisons, du personnel soignant supplémentaire a depuis été recruté et le personnel du service médical des prisons concernées a pu être épaulé par ces asbl. Ainsi, les détenus consommateurs de drogues ont eu la possibilité de recevoir un accompagnement sur mesure . En outre, les détenus font désormais l’objet d’un dépistage systématique de la consommation de drogue dès leur arrivée (via un outil standardisé), afin de pouvoir être orientés plus rapidement vers une aide appropriée si nécessaire. Les prestataires de soins  impliqués dans le projet sont également en contact étroit avec les prestataires de soins en dehors de la prison, ce qui contribue à assurer la continuité des soins après la détention.

  • Dans la plus grande prison de Belgique, Lantin, pas moins de 1 447 détenus ont subi un dépistage sur une période de 12 mois. 50,2 % d’entre eux ont déclaré avoir consommé de la drogue, 12,8 % de ces consommateurs ont été inclus dans le projet pilote. 
  • Hasselt est une prison plus petite et plus moderne qui dispose d’un quartier spécial sans drogue où les détenus qui choisissent d’arrêter de consommer de la drogue peuvent être admis. Dans cette prison, 303 détenus ont été dépistés et 184 (60,7 %) d’entre eux ont déclaré consommer des drogues. 46,2 % de ces consommateurs ont choisi de participer au projet. 
  • Nous disposons de données similaires pour Saint-Gilles, où 43,6 % des personnes dépistées ont consommé des drogues et où 109 détenus ont été suivis pendant 12 mois dans le cadre du projet. Les détenus de Saint-Gilles ont été transférés à la prison de Haren où le projet se déroule désormais.
Pourcentage de consommateurs de drogues par rapport au nombre de personnes dépistées

 

Au total, ce projet pilote a déjà permis de dépister des milliers de détenus et de proposer environ 1 500 trajets de soins. En plus de ses tâches initiales, le projet se concentrera désormais sur la prise en charge après la détention, l’implication des psychologues de première ligne et le soutien par les pairs. En mars 2023, le SPF Santé a lancé un appel pour étendre le projet pilote à 7 autres prisons. Le projet sera une nouvelle fois suivi par un groupe d’experts scientifiques et une formation de 18 mois sera dispensée pour soutenir les prisons. Ce projet est à l’origine une initiative de l’INAMI. 

Lutte contre la consommation inappropriée de psychotropes

La Belgique reste parmi les pays où l’on consomme le plus de psychotropes. Les psychotropes sont des médicaments utilisés pour traiter les troubles psychiatriques et les problèmes psychologiques. Ces médicaments peuvent être classés en plusieurs groupes : les antipsychotiques, les antidépresseurs, les somnifères et calmants et les psychostimulants comme la Rilatine.

En 2022, on estime que plus de 3 millions de Belges ont consommé au moins un psychotrope, soit près d’un Belge sur 4. Les plus consommés sont les somnifères et les calmants[3]

 

Les traitements par psychotropes ne sont pas toujours adaptés aux besoins des patients ; ils sont souvent prolongés de manière injustifiée, peu suivis et rarement remis en question. Le recours aux psychotropes peut s’avérer nécessaire dans certains cas, mais à dose adéquate et pour une durée déterminée. Il est important d’éviter, si possible, d’en faire un usage chronique afin d’éviter des effets indésirables et pour certains types de psychotropes une dépendance ou une accoutumance. Il est aussi crucial d’arrêter progressivement leur prise si leur plus-value n’est plus avérée.

La Belgian Psychotropics Experts Platform (BELPEP) vise à promouvoir l’utilisation appropriée des psychotropes tels que les antidépresseurs, les somnifères et les calmants en Belgique, ce qui implique une prescription adaptée et un suivi adéquat du traitement. Nous constatons que certains patients se voient prescrire des psychotropes alors qu’il existe des alternatives non médicamenteuses, tandis que d’autres n’en reçoivent pas, alors qu’un psychotrope pourrait être essentiel pour une prise en charge optimale de leur pathologie.

Vous voulez en savoir plus sur la vision de BELPEP ? https://www.health.belgium.be/fr/sante/organisation-des-soins-de-sante/qualite-des-soins/bonnes-pratiques/belgian-psychotropics

Une campagne de sensibilisation a été lancée par le SPF Santé en septembre 2023. Celle-ci s’adresse aux médecins généralistes, pharmaciens et psychologues. L’objectif de cette campagne est d’attirer l’attention sur le bon usage des psychotropes, pour lequel un dialogue ouvert avec les patients et le partage d’informations entre les professionnels de la santé sont essentiels. Un site web www.usagepsychotropes.be a été développé pour centraliser les ressources pouvant soutenir les professionnels de santé dans leur pratique (études, outils pratiques, formations...).  

Les messages clés sont les suivants :

  • Les psychotropes ne sont pas sans risques pour la santé et peuvent entraîner de nombreux effets secondaires.
  • Les psychotropes peuvent être utiles dans certains cas, mais pour une durée appropriée et surtout après avoir envisagé d’autres solutions non médicamenteuses.
  • Les professionnels de la santé ont un rôle crucial à jouer : informer, sensibiliser, diagnostiquer, motiver, orienter...
  • La collaboration entre les professionnels de la santé et le patient est essentielle pour promouvoir l’utilisation rationnelle des psychotropes.
  • Les prescriptions doivent être revues régulièrement afin d’éviter une utilisation chronique et, dès que possible, un sevrage progressif doit être envisagé.

 

Pour en savoir plus, consultez le site  https://www.usagepsychotropes.be

Trajet de soins en alcoologie dans les hôpitaux généraux

La consommation d’alcool présente des risques pour la santé physique et psychosociale des consommateurs. Elle peut être à l’origine de diverses maladies, mais aussi d’accidents. Selon l’Enquête de santé 2018 de Sciensano, la consommation d’alcool représente un risque potentiel pour 14 % de la population belge[4].

Il est recommandé de limiter la consommation d’alcool à un maximum de 10 unités standard par semaine (1 verre standard = 1 unité = 10 grammes d’alcool pur) et de ne pas consommer d’alcool quotidiennement. On estime qu’environ 20 % de l’ensemble des patients admis dans les hôpitaux généraux présentent une consommation d’alcool problématique ou à risque.

En 2009, le projet pilote « Dispositif alcool » a été lancé dans les hôpitaux généraux à la suite du constat que les problèmes liés à l’alcool y étaient encore trop peu identifiés. L’objectif de ce projet est d’améliorer la détection et le traitement des personnes ayant des problèmes liés à l’alcool grâce à la formation et à la sensibilisation du personnel soignant et à l’élaboration d’un parcours de soins en matière d’alcool qui renforce la collaboration.

Les avantages pour les hôpitaux où le projet a été mis en œuvre sont nombreux. Les professionnels de la santé sont de plus en plus attentifs à la consommation d’alcool dans leur pratique quotidienne, notamment grâce aux nombreuses ressources telles que les brochures, les lignes directrices, les affiches, les trajets de soins, les échelles d’abstinence, etc. Les patients sont orientés plus rapidement et le traitement des symptômes de sevrage liés à l’alcool est plus efficace.

En raison des résultats positifs engrangés, le projet a été étendu à 15 hôpitaux généraux.

 

La liste des hôpitaux concernés est disponible à l’adresse suivante :   https://www.health.belgium.be/fr/sante/organisation-des-soins-de-sante/hopitaux/projets-specifiques/dispositif-alcool

[1]Favril, L., & Laenen, F. V. (2018). Predictoren van druggebruik tijdens de detentieperiode : data van 1326 gedetineerden uit 15 Vlaamse gevangenissen. PANOPTICON, 39(4), 296–312. https://biblio.ugent.be/publication/8577366

[2]Mundt, A. P., Baranyi, G., Gabrysch, C., & Fazel, S. (2018). Substance use during imprisonment in Low- and Middle-Income countries. Epidemiologic Reviews, 40(1), 70–81. https://doi.org/10.1093/epirev/mxx016.

[3]Source: IQVIA Belgium Le Marché Pharmaceutique Belge- National Sell In Audit for the period 2018-2023; and Regional Sell Out Patient data for the period 2022

[4]L. Gisle, S. Demarest, S. Drieskens. Enquête de santé 2018 : Consommation d’alcool, Bruxelles, Sciensano. Consulté le 1er octobre 2023 à l’adresse suivante : www.enquetesante.be