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Le 30 mars 2015, la Conférence interministérielle (CIM) Santé publique a adopté le « Guide vers une nouvelle politique de santé mentale pour enfants et adolescents (SMEA) ». Il présente les grandes lignes d’une politique globale et intégrée en matière de santé mentale pour enfants et adolescents.
D’une part, il s’agit d’une politique intégrée, car elle va de la promotion de la santé et de la prévention aux soins de première ligne et ambulatoires, en passant par les soins résidentiels hautement spécialisés. D’autre part, il s’agit d’une politique intégrée car elle s’adresse à tous les enfants et jeunes âgés de 0 à 23 ans. Intégrée signifie qu’elle recherche une collaboration sans faille entre la société civile et les établissements et prestataires de soins de santé mentale et de soins de santé au sens large.
Presque immédiatement, 11 réseaux SMEA axés sur les enfants, les adolescents et les jeunes adultes ont été créés. Les domaines d’activité de ces réseaux coïncident avec les territoires des provinces et de la Région de Bruxelles-Capitale[1].
Les réseaux SMEA répondent le plus rapidement et de la manière la plus continue possible aux besoins de ces enfants et adolescents et de leur contexte ou milieu de vie. Chaque réseau se compose de tous les acteurs, services, institutions, prestataires de soins, etc. des secteurs concernés, qui travaillent ensemble et coordonnent leurs politiques.
Pour optimiser l’aide, les réseaux SMEA développent un certain nombre de programmes et de modules financés par les autorités fédérales.
Il s’agit plus spécifiquement de
- Programmes de soins de crise et de soins de longue durée qui proposent, en plus d’une offre mobile, des places pour des soins de courte durée et un traitement aigu des jeunes dans une situation de crise ne mettant pas leur vie en danger, avec une gestion de cas associée.
- Il est également investi dans l’expertise et l’échange de connaissances entre tous les acteurs concernés :
- les enfants, les jeunes individuellement et leur contexte ;
- des sous-groupes cibles spécifiques de jeunes ;
- tous les enfants et les adolescents de la zone d’activité du SMEA.
- Nous parlons ensuite du programme de consultation et de liaison intersectorielle et des réseaux apprenants.
- À côté de cela, des modules de double diagnostic seront mis en place, dans lesquels des parcours de soins sur mesure seront proposés aux enfants présentant des handicaps mentaux associés à des problèmes de santé mentale, y compris une offre de crise et des possibilités de time-out.
En outre, les services des hôpitaux psychiatriques pour enfants et adolescents, ainsi que les unités de psychiatrie légale pour adolescents, ont été renforcés par l’apport de personnel supplémentaire. Ce personnel contribue non seulement au fonctionnement optimal de ces services, mais assure également des fonctions dites de transition, à savoir l’orientation et la transmission des soins. Cela signifie que les jeunes patients sont conseillés avant même leur admission dans un service hospitalier psychiatrique et que leur sortie est préparée dès le début de leur admission.
Des équipes de liaison sont également déployées pour freiner l’afflux de patients dans ces services. Elles sont composées de psychiatres, de psychologues et d’infirmiers psychiatriques et proposent un accompagnement et des soins dans les services hospitaliers non psychiatriques, par exemple en pédiatrie et aux urgences. Elles apportent également un soutien aux soignants dans ces services hospitaliers non psychiatriques.
Les réseaux SMEA ont également la possibilité de réaliser des projets innovants dans le cadre de ce que l’on appelle des chantiers transversaux. Cela va de formes supplémentaires de liaison, où des équipes ayant une expertise psychiatrique proposent des soins dans des services hospitaliers non psychiatriques, à la création de projets pilotes pour les jeunes en transition jusqu’à l’âge de 23 ans.
Pour réaliser tous ces programmes, modules et projets, plus de 700 équivalents temps plein supplémentaires seront mis à la disposition des réseaux.
Enfin, les réseaux SMEA favorisent le développement de l’offre de soins psychologiques dans le cadre des soins de première ligne pour les enfants et les adolescents (voir ci-dessous).
[1]Dans la Communauté germanophone, un projet pilote spécifique permet actuellement de créer un réseau qui assurera le suivi et la prise en charge de tous les groupes d’âge cibles : enfants, jeunes, adultes et personnes âgées.
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Répartition des hôpitaux
Au total, 52 hôpitaux, dont 27 hôpitaux généraux dotés d’un service psychiatrique (SPHG) et 25 hôpitaux psychiatriques (HP), disposent d’un service psychiatrique pour enfants et adolescents. |
Nombre d’hôpitaux en fonction du nombre de lits agréés pour les enfants et adolescents présentant des problèmes psychiatriques (01/01/2023)
Le nombre de lits ou de places dans ces services est généralement plus limité que dans les services pour adultes. Un SPHG compte néanmoins plus de 100 lits ou places. En ce qui concerne la répartition de la capacité d’accueil, contrairement aux services pour adultes, les services psychiatriques pour enfants et adolescents sont mieux équilibrés au sein des SPHG et des HP.
Types de lits et de places pour l’hospitalisation résidentielle et partielle
Au 01/01/2023, il y avait en Belgique 1 345 lits et places agréés dans les services psychiatriques pour enfants et adolescents soit 711 lits en hospitalisation résidentielle (index K), 555 places en hospitalisation de jour (index k1) et 79 lits en hospitalisation de nuit (index k2). |
Nombre de lits et de places agréés dans les services de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent au 01/01/2023
Nombre de lits et de places agréés pour les enfants et adolescents par 100 000 habitants
C’est dans la Région de Bruxelles-Capitale que l’on trouve le plus grand nombre de lits agréés par 100 000 habitants, soit 110[1]. Dans la Région flamande ce nombre est de 65 et en Région wallonne, 63. |
Au cours des 20 dernières années, le nombre de places pour enfants et adolescents en hospitalisation de jour (k1) a triplé, passant de 173 à 555. Le nombre de lits résidentiels agréés (K) et de lits en hospitalisation de nuit (k2) est resté stable.
Indépendamment des décisions politiques du passé, cette tendance peut indiquer un besoin accru de soins pour les enfants et adolescents souffrant de problèmes psychiques. Et surtout aussi la nécessité de formes d’admission (de courte durée) moins invasives qu’une hospitalisation complète. Une adaptation de la norme de programmation semble donc avoir tout son sens. Une attention particulière doit être accordée à la prise en charge des adolescents. Selon la réglementation en vigueur, les adolescents âgés de 15 ans et plus peuvent être admis dans les services hospitaliers psychiatriques pour adultes. Cependant, au vu de l’importante spécificité de ce groupe cible, il serait préférable qu’il soit traité dans le cadre de la psychiatrie infanto-juvénile. Les experts parlent d’un âge de transition qui peut aller jusqu’à 23 ans. Or, la programmation ne tient compte que des enfants jusqu’à 14 ans accomplis.
Évolution du nombre total de lits et de places agréés pour enfants et adolescents
Caractéristiques des séjours hospitaliers
En 2021, il y a eu 8 152 séjours en HP et SPHG dans des services psychiatriques pour enfants et adolescents[2]. La répartition des séjours entre établissements est homogène. Le nombre de séjours a augmenté de 50,1 % sur la période 2007-2021. La plus forte augmentation est celle enregistrée dans les SPHG (72,7 % contre 33,6 % dans les HP). En raison des mesures prises dans le cadre de la pandémie de COVID-19, on constate une diminution du nombre de séjours en 2020.
Évolution du nombre de séjours hospitaliers dans les services psychiatriques pour adultes dans les HP et dans les SPHG
Nombre de séjours dans les services psychiatriques pour enfants et adolescents par groupe d’âge en 2021
57 % des patients en psychiatrie pour enfants et adolescents dans les HP et les SPHG en 2021 étaient de sexe féminin. Plus de la moitié des séjours dans ces services concernent des patients dans la tranche d’âge 13-17 ans (57 %). Bien que les adolescents de plus de 15 ans puissent être admis dans un service psychiatrique pour adultes, la préférence est souvent donnée à un service psychiatrique pour enfants et adolescents (K, k1 ou k2). Dans certains cas, un patient y reste admis même après son 18e anniversaire (11 %). On suppose que cet âge de transition est acceptable jusqu’à 23 ans. Pourtant, en 2021, on trouve encore 145 séjours de personnes âgées de plus de 24 ans (2 %). |
Évolution du nombre de séjours dans les services psychiatriques pour enfants et adolescents par groupe d’âge
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Sur la période 2007-2021, on observe un triplement du nombre de séjours d’enfants âgés de 0 à 3 ans. Le nombre de séjours d’enfants et de jeunes âgés de 13 à 17 ans a augmenté de plus de moitié. Le nombre de séjours de jeunes de 18 à 23 ans a diminué de 5,7 %. |
Évolution du nombre de séjours dans les HP et les SPHG par type d'hospitalisation
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Sur ces 15 dernières années, on constate une augmentation de toutes les formes de séjours dans les services psychiatriques hospitaliers pour enfants et adolescents : + 39,1% du nombre de séjours résidentiels et quasi-doublement du nombre d’hospitalisations de jour (k1), où l’enfant ou le jeune reste à la maison la nuit et les week-ends. Il n’y a que peu de séjours (87 en 2021) au cours desquels l’enfant ou l’adolescent ne reste à l’hôpital que le soir et la nuit (k2). |
Durée du séjour dans un service psychiatrique pour enfants et adolescents dans les HP et les SPHG en 2021
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Environ 80 % des séjours dans un service psychiatrique pour enfants et adolescents dans les HP et les SPHG ont une durée de moins de 3 mois. |
Évolution du nombre de journées dans les HP et les SPHG en service psychiatrique pour enfants et adolescents
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Entre 2007 et 2021, on observe une augmentation du nombre total de journées d’hospitalisation résidentielle (8,7 %). Pour l’hospitalisation de jour, le nombre de journées a plus que doublé (151 %). En raison de la pression accrue sur les services psychiatriques pour enfants et adolescents, il a été décidé en 2021 d’augmenter les effectifs de ces services et de mettre en place des équipes de liaison chargées d’accompagner et de traiter les jeunes souffrant de problèmes de santé mentale admis dans des services hospitaliers non psychiatriques. |
En 2021, le top 3 des diagnostics principaux posés dans les services psychiatriques pour enfants et adolescents des HP et SPHG était le suivant : troubles de l’adaptation, troubles du spectre autistique et troubles dépressifs. Les séjours pour l’un de ces 3 diagnostics principaux représentaient respectivement 44,3 % et 48,5 % de l’ensemble des séjours dans les HP et les SPHG. |
Top 10 des diagnostics principaux en 2021
Vous voulez en savoir plus sur les diagnostics posés au moment de l’admission dans les HP ou dans les SPHG ? https://www.health.belgium.be/fr/prevalence-des-pathologies-dans-les-etablissementspsychiatriques
Flux de patients
À l’instar des patients dans les services psychiatriques pour adultes, les patients des services psychiatriques pour enfants et adolescents ne sont pas nécessairement admis dans un HP ou un SPHG de leur région.
Dans les hôpitaux des Régions flamande et wallonne, respectivement 95,6 % et 92,1 % des patients sont domiciliés dans la région de l’hôpital. Dans les hôpitaux de la Région de Bruxelles-Capitale, ce n’est le cas que de la moitié des patients. Près d’un cinquième des patients sont originaires de la Région flamande et 27,1 % de la Région wallonne.
Pourcentage de séjours de patients par lieu de domicile du patient et région de l’hôpital en 2021
Vous voulez en savoir plus sur les flux des patients : https://www.health.belgium.be/
[1]Source : STATBEL.Structure de la population, situation au 01/01/2023. Consulté le 01/10/2023, à partir de https://statbel.fgov.be/fr/themes/population/structure-de-la-population#chiffres ; seuls les habitants de moins de 15 ans ont été pris en compte.
[2]Source : SPF Santé publique, Résumé psychiatrique minimum (RPM) ; Il s’agit du nombre de séjours résidentiels et partiels enregistrés dans des lits pour enfants et adolescents (préfixe K, k1, k2) au cours de l’année en question, indépendamment de l’année d’admission et du fait que le patient soit déjà sorti ou non.